Coaching Professionnel Bordeaux

Le deuil de Donald Trump. Une trajectoire brisée

##leadership , ##management , ##courbedudeuil; , ##dirigeant

Bonjour à tous,

Cela faisait longtemps que j'attendais une occasion d'écrire quelque chose sur ce personnage mais là je ne pouvais pas rater ça. D'abord parce que l'évènement est très parlant. Ensuite parce que le contraste entre les réserves théoriques d'un président et les libertés que s'arroge Donald Trump ne seront plus de mise à partir du 20 Janvier 2021. Au passage, je précise que Donal Trump est typiquement le genre de personnage qui gagnerait beaucoup à être coaché mais probablement en vain tant son cas relève plus de la thérapie que d'autre chose.

De quoi s'agit il ?

Je ne vais pas vous réécrire l'histoire, vous avez déjà tous vu, lu, entendu de ce qu'il s'est passé lors des élections et surtout juste après. En revanche, est ce que vous connaissez un modèle de comportemental adapté à la situation expliquant les phases émotionnelles lors d'un d'échec ?

Ce modèle est celui de la courbe de deuil élaborée par la psychiatre Suisse, Elisabeth Kübler-Ross. Il consiste en le postulat d'un enchaînement de 5 étapes émotionnelles pour des malades en phase terminale avant leur mort. Ces 5 étapes sont le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation.

Il se trouve que ce modèle est parfois appliqué dans le coaching. Non pas pour une fin de vie mais un simple échec.

Comme toujours, les limites d'un tel modèle sont très vite atteintes vu que l'on n'est pas dans un contexte de fin de vie. Par ailleurs, même dans son contexte il est contesté quant à sa solidité scientifique.

Mais comme tout autre modèle, ce qui m'intéresse c'est la trame pas sa véracité. Ce n'est qu'un support à la réflexion. Il peut très bien arriver qu'une ou plusieurs étapes ne se produisent pas ou pas dans le même ordre.

Voyons comment l'utiliser sur le cas Trump:

Les médias annoncent sa victoire dans des états clés tels que Floride et Texas. Puis ils tardent à annoncer le résultat final tout en diffusant les résultats partiels qui ne sont pas trop en sa défaveur. Malgré tout, personne n'est vraiment dupe. Sachant que le comptage des bulletins à distance vient juste de débuter et que 80 % de ceux ci sont démocrates comme attendu, il suffit de faire un peu d'arithmétique pour projeter une victoire de Joe Biden. Les équipes républicaines en savent autant et s'attendent donc à une défaite.

Quelle est la première réaction de Donald Trump ? Le déni. Pour résumer:" si l'on arrête le décompte des votes maintenant, je gagne. Le reste ne compte pas car ce sont des votes frauduleux".

Passons sur le fait que même à ce moment là, c'est discutable. Il semblerait qu'il en soit à la première étape de la courbe de deuil. Le déni. S'en suit une période de silence de sa part, la répétition de ce discours étant assumée par ses troupes.

Sauf que pendant ce temps là, les décomptes avancent et montrent une victoire dans le Wisconsin et le Michigan pour son rival Joe Biden mais surtout une remontée implacable de celui-ci dans les états de Pennsylvanie et de Géorgie. Que fait il alors ? il hurle sur Twitter "STOP THE COUNT!" . Au déni, succède la colère.

S'en suit un psychodrame sur le thème de la fraude massive organisée par les démocrates, le licenciement des personnels de l'exécutif niant cette hypothèse et quelques signes d'acceptation de la défaite sur le thème: "j'ai gagné mais comme il a triché, finalement il sera président !". On se trouve donc en se moment même en pleine phase de marchandage de la courbe de deuil.

Force est de constater une cohérence apparente entre son comportement et la courbe de deuil. Quand passera-t-il alors aux phases de dépression et d'acceptation ? Le 8 Décembre jour de déclaration officielle des résultats par les états ? Le 14 Décembre jour de vote des grands électeurs ? Ou le 20 Janvier jour d'investiture de Joe Biden ?

Et bien rien n'est moins sûr qu'il y passe un jour. En effet, si on regarde dans le passé lors de ses échecs successifs en affaires, il est resté dans un déni "marchandé" jusqu'à ce jour comme le lui avait appris son mauvais génie de mentor Roy Cohn . Donc même si tout se déroule normalement, c'est à dire un départ de la maison blanche le 20 Janvier 2021, il pourrait rester dans l'état actuel affirmant haut et fort :"on m'a volé mon élection !!"

Par ailleurs, on peut aussi avancer, comme l'avait prédit Bernie Sanders, que tout ceci n'est qu'une mise en scène faîtes pour déguiser une défaite acceptée dès le printemps. Mais attention, dans ce cas on peut en deviner 2 conséquences :

  • Impossible de savoir dans quel état émotionnel réel il se trouve actuellement puisque c'est une mise en scène. Et tant pis pour la courbe de deuil ...


  • Plus grave, l'intention réelle de tous les recours n'était pas de gagner ces recours mais qu'ils retardent suffisamment les procédures électives rendant impossible la déclaration officielle des grands électeurs le 8 Décembre. Les états concernés se verraient alors obligés de nommer les grands électeurs par la législature qui est à majorité républicaine en Pennsylvanie par exemple. Un manière de gagner avec 6 millions de voix en moins.

Aie aie aie, ce serait bien machiavélique et anti démocratique. Nous pourrions le rejeter, s'en offusquer, en décortiquer les tenants et aboutissants voire s'en lamenter mais au final, il vaudra mieux l'accepter et en faire son deuil..